Raymond Warnier

Publié le 22 Juin 2013

Raymond Warnier

 

 

L'histoire des instituts français s'inscrit également dans un autre registre. Ainsi faut-il dire que derrière les chiffres sommaires qui nous rendent comptent des différentes activités de ces établissements se cache une histoire vivante mais souvent méconnue illustrée par les parcours individuels des intellectuels français et yougoslaves. Cette page des relations culturelles entre les deux pays dépasse les limites d'une diplomatie culturelle. Or, elle enrichit encore notre image.

La première observation porte naturellement sur le destin de ces jeunes agrégés et professeurs français qui font partie des projets ambitieux de la diplomatie culturelle. Pour n'aborder que quelques exemples les plus importants, notre choix privilégie d'abord les itinéraires de Raymond Warnier et Jean Dayre, les figures centrales de l'Institut français de Zagreb. Véritables âmes de cet Institut entre 1922 et 1947, ils sont les dirigeants dévoués de l'établissement qui traverse le chemin des débuts difficiles à une position visible et importante dans la vie culturelle de Zagreb à la veille de la Seconde Guerre mondiale. De plus, sensibles aux échanges culturels, ils sont à l'écoute de la modernité culturelle en Croatie. Warnier s'initie ainsi dans le cercle de jeunes peintres réunis autour du groupe "Zemlja" [La Terre]. Or, c'est grâce à ses efforts et recommandations que beaucoup d'artistes de cette partie du pays continuent leurs études en France. Le succès qui est remarqué dans la société zagréboise est resté dans la mémoire encore aujourd'hui. On le voit également dans les salons littéraires tel le salon d'Irina Alexander (Jean Dayre y sera également) qui accueille entre autre Miroslav Krleža. L'homme de recherche, Warnier se donne avec dévouement à l'étude du passé croate et yougoslave au XIXe siècle, se consacrant aux phénomène de l'illyrisme, de l'idée yougoslave dans le passé, mais également à la littérature et la civilisation yougoslave [1]. L'ampleur de ses activités ne s'arrête pas là. Conférencier de qualité, il enflamme son public soit à Zagreb soit dans les provinces. En outre, il introduit les causeries françaises à la Radio de Zagreb. Même après son départ pour Lisbonne en 1935, les liens avec ce pays ne sont pas coupés. Il intervient, par exemple, en bon patriote français contre la propagande allemande en Croatie.

 

[1] Il collabore dans de nombreuses revues dont notamment l'Europe centrale, Cahiers du Sud, Gazette des Beaux-Arts. Parmi ses écrits, il faut souligner Mechtrovic et ses oeuvres récentes (1930), Coup d'oeil sur la littérature dalmate (1932), L'Adriatique slave (1932), Notes de civilisation yougoslave (1934), Illyrisme et nationalisme croate (1935). Sa thèse de doctorat intitulée L'esprit public et le problème national en Croatie au XIXe siècle, accompagnée par une deuxième thèse sur les Documents inédits sur la révolution de 1848 en Croatie, reste, à notre connaissance, un travail inachevé.

 

par Veljko Stanic

Source : Les Instituts français de Yougoslavie à l'époque de l'entre-deux-guerres

 

 

 

À l'occasion de l'exposition consacrée à Rodin au Pavillon des Arts et à l’Atelier Meštrović, est présentée en parallèle une partie de l’œuvre critique de Raymond Warnier sur Ivan Meštrović à la médiathèque de l'Institut français.


 

Raymond Warnier (1899 – 1987) a réalisé une carrière exceptionnelle dans la diplomatie culturelle française. Parmi ses activités, il faut notamment souligner son engagement pour la coopération entre la France et la Croatie. Il a été le premier professeur contractuel de français à l’Université de Zagreb (de 1921 à 1935), le fondateur de l’Institut français de Zagreb, et son premier directeur (1921 – 1935).

 

Il était ami avec de nombreux artistes croates, en particulier les jeunes artistes réunis autour du groupe « Terre » (Zemlja). En outre, il attribuait les bourses du gouvernement français aux artistes croates pour leurs formations à Paris. En 1930, il a organisé au Pavillon des Arts à Zagreb une exposition importante sur l’art contemporain français et ses textes sur l’art yougoslave ou croate, l’histoire et la civilisation ont laissé une trace profonde. Il a collaboré avec de nombreux magazines tels que « l’Europe centrale », « Cahiers du Sud », « Gazette des Beaux-Arts », etc.

 

Parmi les liens qu’il a noués en Croatie, il convient de mentionner sa longue amitié avec le sculpteur Ivan Meštrović (1883-1962). Warnier était un grand connaisseur et promoteur de son travail. Il organise une exposition rétrospective du sculpteur en 1933 à Paris, au Jeu de Paume. Raymond Warnier a écrit la préface du catalogue de cette exposition.

 

Warnier a également fait en sorte que les sculptures de Meštrović entrent au musée du Jeu de Paume à Paris (maintenant dans la collection du musée Centre Pompidou). L’une de ces œuvres, Studija za zahvalnost Francuskoj (Étude pour la reconnaissance à la France, Zagreb, 1930) en bronze en fait partie. Le plâtre était dans la propriété de Warnier, puis a été donné en 1972 à l’atelier Meštrović. Il est une étude pour le monument qui a été érigé en 1930, à Belgrade (Kalemegdan), comme un signe de reconnaissance à la France pour son aide au peuple et à l’armée serbe au cours de la Première Guerre mondiale. Grâce à ce projet, ainsi que d’autres relations avec la France, Meštrović a reçu l’Ordre de Commandeur de la Légion d’Honneur en 1930.

 

Après la mort de Meštrović en 1962, Raymond Warnier a gardé des contacts avec le personnel de l’Atelier, et sa première directrice, Vesna Barbić. Dans ce musée, sont conservées ses archives et également des articles sur Ivan Meštrović. À l’occasion de l’exposition en cours Rodin u Meštrovićevu Zagrebu (Rodin dans le Zagreb de Meštrović) au Pavillon des Arts et à l’Atelier Meštrović, est présentée en parallèle une partie de l’œuvre critique de Warnier consacrée à Ivan Meštrović à la médiathèque de l’Institut français, ainsi que d’autres publications qui témoignent de ses efforts dans le développement d’une coopération culturelle franco-croate qui continue encore aujourd’hui, ainsi que le célèbre Studiju za zahvalnost Francuskoj, de la collection de l’Atelier Meštrović.

 

 

Texte de Barbara Vujanović, historienne de l’art et membre de l’Atelier Meštrović, a participé à la mise en place de l’exposition Rodin au Pavillon des Arts à Zagreb

 

 

Source : http://rendez-vous.hr/fr/calendrier/

 

 

 

 

Rédigé par brunorosar

Publié dans #France-Croatie

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