Trsat

Publié le 11 Novembre 2009

 Trsat


 

La forteresse de Trsat constitue un point de vue proéminent, situé stratégiquement sur une colline de 138 mètres dominant Rijeka. La tour de garde libournienne se trouve en ce lieu depuis la préhistoire, d'où l'on surveillait le chemin allant de l'intérieur des terres à la mer. Cette localité a servi aux Romains à l'époque du renforcement du système défensif, appelé "limes libournien". Trsatika était son point de départ, ville fortifiée, sur le lieu actuel de la vieille ville de Rijeka. On suppose que les princes Frankopan de Krk ont édifié le castel à la place des vieilles fortifications romaines pendant la première moitié du XIIIè siècle. Mais au cours de l'histoire tumultueuse, c'est-à-dire du début du XVe siècle jusqu'à la fin du XIXè siècle, la Forteresse a constamment changé de propriétaire.

La forteresse de Trsat est mentionnée pour la première fois en tant que siège de la paroisse en 1288, lors de l'élaboration du célèbre code de Vinodol. Étant l'une des plus anciennes fortifications du littoral croate, la Forteresse a conservé des marques qui indiquent clairement qu'elle a été construite au début du Moyen Âge. Le castel est tombé entre les mains de la noblesse croate de l'île de Krk (les princes Frankopan), mais a été occupé deux fois en temps de guerre, au XVIè siècle. Les habitants de la République de Venise (dite la Sérénissime) l'ont tout d'abord occupé, puis vint le tour des Turcs. S'étant rendu compte des failles dans la défense, ainsi que du colossal potentiel défensif, le capitaine Gaspar Raab (originaire de Senj) fortifia et modernisa considérablement la Forteresse à la fin du XVIè siècle. Étant donné que le danger turc diminuait, mais que l'usage de l'arme à feu avait affaibli la capacité défensive de la fortification, elle fut alors laissée à l'abandon et subira, à l'apogée de son abandon, un grand tremblement de terre en 1750, après quoi le castel sera aussi délaissé.

Dans la première moitié du XIXè siècle, son ultime propriétaire, le comte Laval Nugent de Westmeath, maréchal autrichien d'origine irlandaise, acheta alors les ruines du castel et donna à la Forteresse son aspect actuel. Sa conception a permis de restaurer et de transformer le castel en mausolée familial, ainsi qu'en musée pour les fouilles liées à ses recherches archéologiques. C'est dans cette perspective qu'est venu l'architecte Giacomo Paronuzzi. Il a réparé les tours, aménagé l'intérieur et édifié le caveau-mausolée "La paix du héros" dans le style d'un temple dorique, avec quatre colonnes de marbre soutenant la façade. Le maréchal Nugent a acheté un trésor artistique provenant de diverses parties de l'Europe et a aménagé le premier musée de Croatie dans la tour nord-est en 1813. Après sa mort, les héritiers appauvris ont abandonné le castel et vendu l'intégralité des biens du musée. Seule une petite partie de ces biens a été sauvée de la vente par le musée archéologique de Zagreb.

La forteresse de Trsat est restaurée en 1960. Ce monument culturo-historique et le belvédère duquel s'étend une vue magnifique sur les ruines du "limes libournien" - Učka, la baie du Kvarner avec les îles de Cres et de Krk, et toutes les autres jusqu'au Velebit, ainsi que tout le territoire de la vieille ville de Rijeka - constituent la principale raison pour laquelle Trsat est une destination touristique importante pour chaque voyageur.

Il est obligatoire de visiter en plus de la forteresse de Trsat, le sanctuaire de Notre Dame de Trsat. Le bien-aimé pape Jean-Paul II, le Saint-Père, est venu en pèlerinage en juin 2003, lorsqu'il était déjà âgé, dans l'un des plus anciens lieux saints de Croatie. Il a fait don d'un rosaire au sanctuaire, un signe du destin qui lie les Croates à Jean-Paul II que confirme l'édification du premier monument à l'effigie du Saint Père - "le pèlerin de Trsat", oeuvre du sculpteur académicien Anto Jurkić, qui a été installé devant la basilique. Lors du cinquième anniversaire de la troisième visite du pape, en 2008, le Centre pastoral Aula "Jean-Paul II" a été ouvert.

D'après la légende, le sanctuaire de Trsat a vu le jour en 1291, quand au cours de la nuit, la maisonnette nazaréenne de la "Sainte famille" est apparue, amenée par des anges. La maisonnette est restée sur le lieu saint de Notre Dame de Trsat pendant trois ans. Les anges l'ont alors transportée à Loreto, à côté d'Ancône en Italie, où elle se trouve toujours. La légende est clairement empreinte de la réalité historique lorsqu'il s'agit du commerce de reliques de la Terre sainte au temps des croisades. Cela n'altère en rien le voile du secret qui couvre l'histoire de l'un des plus beaux sanctuaires en Europe du Sud-est : les templiers et les chevaliers mystérieux ont aussi eu leur rôle historique dans sa création. Le pape, les Frankopan féodaux croates et les souverains napolitains d'Anjou n'y ont quant à eux joué aucun rôle.

 

http://galenf.com/gc09/croatia085.jpg

Bien que les seigneurs médiévaux Frankopan de Trsat eussent déjà construit au XIIIè siècle sur le lieu saint de la "Sainte maison" la première église commémorative, les parties les plus anciennes de l'église actuelle datent du XVè siècle. Une peinture de Notre Dame de Trsat, qui d'après la légende aurait été peinte par Saint-Luc, a été placée dans la vieille église datant de 1367. Le clergé laic a servi les pèlerins du Moyen Âge jusqu'à la moitié du XVè siècle. C'est alors que le prince Martin Frankopan, avec la permission du pape Nicolas V, a construit une nouvelle église et un monastère sur le lieu du sanctuaire de Trsat. Les franciscains du vicariat de Bosnie s'y sont ensuite établis. A travers l'histoire généralement oubliée, les noms des grands franciscains (même s'ils sont rares) - à la manière des écrivains Franjo Glavinić et Raphaël Levaković - ont réussi à échapper aux outrages du temps.

L'aspect baroque actuel de l'église et du monastère sont postérieurs à 1641. Nicolas IX Frankopan a aidé et soutenu cette transformation. Il fut l'un des derniers membres de la puissante famille des princes de Krk. Celle-ci a régné, presque en totale indépendance, sur la partie ouest du littoral croate durant des siècles. Elle protégeait particulièrement le sanctuaire de Trsat. De nombreux donateurs et protecteurs ont aussi participé. C'est pour cela que l'on mentionne encore aujourd'hui l'oeuvre charitable des Frankopan quand on évoque le sanctuaire de Trsat, surtout si l'on considère l'embellissement apporté par l'oeuvre artistique de ces bienfaiteurs. Le trésor culturel et historique du sanctuaire est relevé par les peintures du prêtre mariniste Séraphin Schön, de l'artiste baroque Giovanni de Pomis, du maître baroque Christophe Tasche et des sculptures de Giovanni Pacassi, Dionizije Hoffer et Ivo Schwaiger.

La Chapelle des "ex-voto" se trouve aussi dans l'enceinte de l'église actuelle. Les dons témoignent de la riche histoire de l'église et des forces miraculeuses du sanctuaire. Allant de la sculpture gothique de Notre Dame de Sljunska, en passant par des oeuvres artistiques très variées, jusqu'aux cannes abandonnées - c'est avec tous ces dons que les pèlerins ont exprimé leur gratitude envers Notre Dame de Trsat. Le sanctuaire regorge aussi de dons de valeur des souverains de la famille Habsbourg - Léopold a fait don de candélabres, de chandeliers et Charles V d'un aigle bicéphale en or, symbole de Rijeka, enchâssé de gemmes. Le ban croate Toma Bakač Erdödy a donné au sanctuaire pour la guérison de son fils, une sculpture en argent de l'époque de la Grande Renaissance, représentant la vierge avec son enfant.

Il existe aujourd'hui un chemin de Croix aménagé en contrebas du monastère. Le monastère, grâce à l'oeuvre humanitaire des franciscains, est devenu un centre culturel riche, un lieu où ont lieu des concerts et des représentations théâtrales. La tradition du pèlerinage au sanctuaire existe depuis la fin du XIIIe siècle, donc depuis sa création. En plus des Croates y viennent souvent les Allemands, les Autrichiens, les Hongrois, les Italiens et en particulier les Slovènes. De nombreux pèlerinages officiels sont organisés mais la visite du sanctuaire de Trsat au cours de la fête de l'Assomption est une expérience unique, quand une multitude de croyants inondent le sanctuaire lors des processions organisées.

 

 

Source : http://press.tz-rijeka.hr/docs/tzripressHR/documents/48/1.0/Original.pdf

Rédigé par brunorosar

Publié dans #Localités

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article