Sibila Petlevski

Publié le 9 Juillet 2011

Sibila Petlevski

 

 

Sibila Petlevski est née en 1964 à Zagreb. Elle est écrivain, dramaturge, essayiste, théoricienne et critique littéraire, traductrice de l'anglais et du macédonien, docteur en Langues Comparées et en Philologie, professeur de critique théâtrale à l'Académie des Arts dramatiques, Université de Zagreb. Elle est aussi membre de comité de rédaction de la revue République Littéraire et collabore à la rédaction de la revue Cahiers de Sarajevo. Elle est l'auteur de 16 livres, d'une anthologie des poètes américains et d’une édition des ouvrages de Nadine Gordimer. Ses poèmes sont édités dans de nombreuses anthologies et traduits en de nombreuses langues. Plusieurs prix littéraires lui ont été décernés.

 

 

 

 

La vérité nue


Et, te réveillant doucement, retrouve-moi nu en sommeil

Francis Thompson


Imagine la poussière, dans un tourbillon de vent
dans l’arrière-pays ; les paysans qui s’inclinent,
ôtent leurs chapeaux devant les grains de poussière, « Dieu
vous a fait entamer ce voyage, bonnes gens », leur disent-ils.
Les visages amers, l’injustice incrustée sous les ongles.
Les drapeaux à mi-mât, brûlés par le soleil.
Imagine la poussière, les sanglots qui font trembler
les fondements des maisons. Des guirlandes décoratives accrochées
entre deux points de conscience. Imagine, d’abord,
de te jeter sur la Vénus du village en proférant
une malédiction, ensuite de voir la poussière rendre la nourriture
granuleuse, lorsque le droit de guerre te permet
de te mettre en marche avec l’étendard déployé. Seulement après,
te réveillant doucement, cherche la vérité nue.

 

 

Gola istina

Zamisli prašinu, u vrtlogu vjetra duboko
u unutrašnjosti; seljake kako se klanjaju,
skidaju kape pred zrnima prašine, «Bog
vas na put poslao, dobri ljudi», kažu im.
Gorka lica, nepravde zavučene ispod noktiju.
Suncem progorene zastave na pol koplja.
Zamisli prašinu, ridanje koje potresa
temelje kuća. Ukrasne vijence obješene
između dviju točaka savjesti. Prvo,
zamisli kako se bacaš na seosku Veneru
kletvom, kako ti prašina čini hranu
zrnatom, a ratno ti pravo dopušta povući se
s razvijenim stijegom. Tek poslije,
pomno se budeći, potraži golu istinu.

 

 

Source : ferocemarquise.org

 

Rédigé par brunorosar

Publié dans #Ecrivains

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