Augustin Kažotić

Publié le 7 Novembre 2009

Augustin Kažotić

 

 

Augustin Kažotić est né aux alentours de 1260 à Trogir. C'est à l'Université de Paris, au collège des Jacobins, qu'il a achevé ses études. En 1318, il fut chargé par les évêques ungaro-croates d'une mission diplomatique auprès du pape Jean XXII à Avignon pour présenter les doléances contre les abus commis par les courtisans du jeune roi Charles Robert d'Anjou. S'étant attiré ainsi l'hostilité du roi, qui l'empêchait de réintégrer son siège épiscopal, il s'attarda à Avignon avant d'être en 1322 transféré à Lucera, dans le royaume de Naples, où il mourut le 3 août 1323.

 

Le bienheureux Augustin Kažotić est l'auteur de deux traités théologiques, Dicta super quaestionibus de baptizatione imaginum et aliarum superstitionum et de De bonis et usu Christi et discipulorum, qu'il rédigea lors de son séjour forcé à la cour pontificale à Avignon (1318-1322).

 

C'est en qualité d'évêque de Zagreb (1303-1322), qu'il fonda dans cette ville une école cathédrale pourvue d'une section destinée à l'étude des arts libéraux (artes liberales) et de la théologie. Dans cet établissement, les chanoines lecteurs "enseigneront gratuitement à tous les étudiants pauvres et leur ouvriront ainsi le chemin du savoir". 

 

 

L'opinion de Kažotić quant à la superstition

 

Le pape Jean XXII (1316-1334) fit participer le "Saint Office de l'inquisition" à une procédure d'enquête contre les personnes prétendant faussement prédire l'avenir, avoir des pouvoirs magiques ou de guérisseurs, pouvoir communiquer avec les esprits, et tous ceux qui se rendaient coupables de blasphème et autres formes de superstition.

 

Ce pape avait préalablement consulté ses collaborateurs et plusieurs théologiens éminents, supérieurs d'ordres influents. Parmi les évêques auprès desquels il cherche un avis averti figure l'évêque de Zagreb Augustin Kažotić. Le pape insista pour que les inquisiteurs procèdent vis-à-vis des magiciens comme envers des hérétiques. 

 

Dans ses Exposés (Izlaganja), prononcés lors de ladite réunion, Kažotić souligne que "l'hérésie s'accompagne d'une opinion erronée dans l'esprit et d'une opiniâtreté dans la volonté quant à la vérité de la foi et l'action morale", et il qualifie la voyance d'"exploration interdite d'un futur qui ne doit pas nécessairement se réaliser". Si le "résultat est atteint par l'entendement des causes et effets, alors il ne s'agit pas de superstition mais de savoir-faire", conclut l'érudit dominicain, qui n'identifie aux idolâtres que les "personnes qui invoquent les esprits et font de la magie en étant persuadées que leurs actes sont aidés par la force démoniaque". L'érudit évêque de Zagreb considère comme superstitieux ceux qui ne demandent à recevoir les sacrements que parce qu'ils espèrent ainsi obtenir la santé physique, alors que selon lui "l'accusation d'hérésie concerne aussi ceux qui, par exemple, tremperaient pour quelque sortilège une image dans l'eau en singeant le rite du baptême, afin de nuire à quelqu'un". Tandis que le théologien croate ne cherche aucune excuse aux hérétiques, idolâtres et blasphémateurs, il excuse les diseurs de bonne aventure, voyants et autres diffuseurs de la superstition pour leur ignorance et la condition sociale souvent très difficile dans laquelle se trouvent certains individus et groupes, qui essayent d'améliorer leur situation en apparence désespérée en se plongeant dans le monde magique des mirages et des apparences.

 

La réflexion lucide de Kažotić s'oppose aux prises de position exposées dans le Malleus maleficarum (1486) d'Henri Institoris (Heinrich Kramer) et Jacques Sprenger. Selon Institoris, par ailleurs opposant déloyal du réformateur dominicain Andrija Jamometić, la persécution des sorcières avait trouvé un terrain fertile dans les régions germaniques et dans le Nord de l'Europe, pour se diffuser dans les territoires autrichiens et finalement pénétrer dans les régions croates septentrionales, où les tribunaux civils avaient fait leur le zèle des inquisiteurs dans leur absurde désir d'"exorciser du diable" de pauvres innocents, pour la plupart des femmes. 

 

 

Le couvent et l'église du Bienheureux Augustin Kažotić à Zagreb

 

Le couvent du "quartier ferroviaire" et la paroisse de Notre-Dame du rosaire fondent le 22 septembre 2001, dans le quartier zagrébois de Peščenica, le couvent et la paroisse du Bienheureux Augustin Kažotić, dédiée à l'illustre dominicain. La nouvelle communauté dominicaine se consacre à une activité pastorale et de prédication. 

Les fidèles de Borongaj nécessitaient l'ouverture d'un centre pastoral. Pour satisfaire ce besoin, les dominicains acquirent une maison individuelle dans le quartier de Volovčica, et l'aménagèrent pour y créer une salle de catéchisme, un appartement destiné aux religieuses et une chapelle consacrée au Bienheureux Augustin Kažotić.

 

L'urbanisation de cette vaste zone et l'éloignement de l'église-mère de Notre-Dame du rosaire et du couvent du "quartier ferroviaire" montrèrent que cet édifice sacré était inadapté à l'activité pastorale de l'Eglise aux lendemains du Concile, et vers la fin des années 1980, les dominicains firent l'acquisition dans le quartier de Pešćenica d'un terrain se prêtant à la construction d'un centre pastoral moderne. L'église du Bienheureux Augustin Kažotić, reconnaissable à la verticale de son clocher, émergeant de sa toiture, domine l'ensemble de ce complexe architectural, composé d'un couvent et d'un bureau paroissial, de salles de réunions et locaux attenants, ainsi que de bâtiments annexes.

 

 

 

 

 

Rédigé par brunorosar

Publié dans #Hommes d'Eglise

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