Tremblements de terre à Dubrovnik

Publié le 18 Mars 2010

Une ville secouée par de fortes secousses


Dans sa longue histoire, Dubrovnik a été souvent éprouvée par des secousses sismiques. Celle qui la frappa en 1667 eut des dimensions catastrophiques. Presque la moitié de la population de la ville y trouva la mort. Ce séisme provoqua une longue césure dans le processus d'édification de la ville, et dans une certaine mesure, la rupture définitive avec les règles de construction traditionnelle. Ce phénomène eut pour conséquence une totale transformation de certaines structures architecturales, d'ensemble d'espaces et de milieux urbains.

En offrant diverses facilités, le Sénat s'efforça de stimuler la réparation des maisons endommagées, ce qui explique le fait, qu'après le séisme, les changements survenus soient si nombreux et que les palais entament les parcelles contiguës, seul le réseau de communications publiques est épargné. Vers la fin du XVIIe et au début du XVIIIe siècle, toute une série d'interventions dans le tissu urbain est entreprise. Sur l'emplacement des édifices détruits dans la partie centrale de la ville une nouvelle place est aménagée, ce qui permit, sur le bord méridional de la partie la plus ancienne de la ville, la construction de l'imposante église des jésuites. L'église et le collège attenant ont été reliés à la place nouvellement créée par un harmonieux escalier baroque. Cette intervention porte en elle toutes les caractéristiques de l'urbanisme baroque, qui se reflètent à la fois dans une large percée reliant les différentes parties de la ville. C'est la première fois que fut éliminée, dans les espaces urbains, la limite séparant la "civitas" du "burgus", limite observée par toutes les régulations précédentes.

A l'oeuvre de rénovation de la ville prirent part de nombreux architectes étrangers. Les projets du complexe des jésuites furent confiés à Andréa Pozzo, architecte de Rome, la "scalinata" fut conçue par Pietro Passalacqua; le plan de la nouvelle cathédrale baroque fut dressé par Andréa Buffalini d'Urbino, et celui de la nouvelle église Saint-Biaise par Marino Groppeli de Venise, dont les oeuvres exécutées durant les dix ans de son séjour à Dubrovnik portent la marque d'un talent exceptionnel. Selon les dessins de Giulio Cerutti, architecte de Rome, furent restaurées les maisons s'alignant des deux côtés du Stradun, rue la plus imposante de la ville. C'est ainsi que s'achève la nouvelle image de Dubrovnik, telle que nous la connaissons encore de nos jours.

La crise de l'organisation politique et territoriale de la République de Dubrovnik s'amorce dès le XVIIIe siècle; au début du XIXe siècle, au cours des guerres napoléoniennes, Dubrovnik perd son indépendance pour devenir bientôt une des villes provinciales au sein de l'Empire d'Autriche. La léthargie dans laquelle est tombée la ville lui a valu d'éviter des interventions architecturales d'envergure, de sorte que l'ancien tissu ne fut jamais sérieusement détérioré et que la ville médiévale occupe une place exceptionnelle dans l'histoire de la construction urbaine sur la côte adriatique.



par Nada Grujić

Source : Dubrovnik 1991-1992   [document PDF]

Rédigé par brunorosar

Publié dans #Dubrovnik

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