L'emblème régional istrien

Publié le 16 Décembre 2010

L'emblème régional istrien


 

La chèvre qui apparaît sur l’écusson des armoiries nationales est l’emblème de la région istrienne. Son origine viendrait du nom de la petite ville côtière slovène Capodistria/Koper qui, dans l’antiquité, s’appelait Capris, et de l’importance de l’élevage caprin dans l’économie régionale. Si la présence du drapeau national en Istrie est aussi marquée que dans le reste du pays [1], ce n’est qu’au cours de mon séjour en 2004 que je verrai le drapeau régional devant quelques mairies de villes côtières. Il représente la chèvre dans un écusson, sur fond de deux bandes de couleur bleue et verte. En outre, les chèvres sont devenues l’emblème du parti régionaliste (Diète Démocratique Istrienne, DDI), où elles apparaissent au nombre de trois, symbolisant la réalité transfrontalière de l’Istrie slovène, croate et italienne. Dans les publications de la Diète, ces chèvres peuvent changer de mimique, souriantes ou fâchées, au gré du ton de l’article (Pasquon, 1997 : 79). Ceci rappelle un jeu bien plus ancien utilisé par les Vénitiens et que signale d’Alessio (2003 : 42). Le lion, symbole vénitien par excellence, tient un livre entre ses pattes. Sur les villes côtières, ce livre est ouvert. Par contre, sur la porte et les édifices de Montona/Motovun, le livre est fermé, signifiant la fin du dialogue. Ce bourg marquant la frontière entre Venise et l’Autriche.

L’usage de l’emblème caprin est également ancien. D’Alessio (2003 : 181) signale ses premières apparitions à Pisino/Pazin au XIXe, époque où les militants (italiens et croates) ont fabriqué des sortes de badges à l’effigie de la chèvre [2]. Ils ont également utilisé toutes sortes de supports d’usage quotidien, tels des boîtes d’allumettes, boîtes de cigarettes, savons, cirages pour chaussures, crayons ou cartes postales, où étaient imprimés les slogans de chacune des associations (il s’agit en particulier pour les Italiens de la Lega nationale et pour les Croates de l’Association Cyrille et Méthode).

La chèvre est aussi très présente sur les autocollants décorant les voitures ; elle peut être seule, généralement en vert ou sur un fond de couleur verte, ou alors elle fait l’objet de diverses combinaisons révélant les convictions des chauffeurs : elle est entourée d’étoiles européennes ou se détache sur un fond de couleurs nationales croates. Un autocollant la présente en évidence sur la carte de la péninsule avec ce texte : half island, integral people. On la retrouve également dans les lieux publics tenus par des régionalistes, sur les calendriers offerts par les entreprises locales et enfin elle fait l’objet d’un récit plaisant publié dans le recueil de nouvelles de Milani Kruljac L’ovo slosso (1996), récit sur lequel il vaut la peine de s’attarder dans la mesure où il montre le caractère indépendant, capricieux (capris) et farceur de la chèvre (et des Istriens ?).

[1] Par obligation légale, il doit être exposé dans tous les lieux publics (banques, commerces, restaurants, etc.)
[2] Le premier à l’avoir fait avait choisi un support plus noble. Il s’agit de l’orfèvre Luigi Comisso qui sculpta des sortes de broches en argent représentant une chèvre (d’Alessio, 2003 : 181).

 

http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/a0/Zastava_istarske_zupanije.gif

 

Le drapeau du comitat (županija) d'Istrie

 

Source : Isabelle Girod, Imaginaire historique et régionalisme multiculturel en Istrie 1996-2004. Thèse de doctorat.

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Rédigé par brunorosar

Publié dans #Istrie

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