Augustin Palokaj

Publié le 23 Novembre 2010

Augustin Palokaj


 

Augustin Palokaj est correspondant à Bruxelles pour le quotidien kosovar Koha Ditore et son équivalent croate Jutarnji list.

En ce sens il informe patiemment ses lecteurs sur des adhésions qui n'en finissent pas (Croatie) ou qui ne sont pas pour demain (Kosovo).  

 

1. Anecdote


Incitation à la fraude électorale pour le correspondant 


Augustin Palokaj est correspondant à Bruxelles ainsi que ressortissant croate. Même si la Croatie n'est pas encore dans l'Union européenne, une lettre de convocation pour participer aux élections européennes a atterri chez lui...

En tant que correspondant à Bruxelles j'explique depuis dix ans aux lecteurs de mon pays, la Croatie, le difficile processus d'adhésion pour que notre pays rentre dans l'Union. Pendant longtemps j'ai fermement cru que la Croatie deviendrait membre de la Communauté européenne dès 2007. Pour la première fois j'aurais alors pu participer aux élections européennes en Belgique puisque les citoyens de l'UE peuvent également déposer leur vote dans un autre pays faisant partie de l'UE.

On sait qu'il n'en a rien été de l'adhésion rapide de la Croatie. En revanche j'ai été à deux doigts de voter. De manière inattendue je me suis vu remettre il y a quelques semaines une convocation par les autorités belges, me priant gentiment de me présenter au bureau de vote le 7 juin. En Belgique le vote est obligatoire et les manquements sont d'ailleurs punis d'une amende.

Tout d'abord j'ai pensé aux élections régionales qui devaient tomber en même temps que les élections européennes. Au plan communal j'avais aussi déjà pu tracer ma croix en tant que non Belge disposant d'une résidence fixe. Cependant une fois dans le bureau de vote, où je m'étais rendu avec mon épouse de nationalité belge, j'ai été détrompé. Non, il n'y a qu'aux élections européennes que je pouvais participer. Ah bon ! Sur ce point j'étais convaincu de ne pas y avoir droit puisque n'étant pas citoyen européen cela m'était interdit. Pendant dix minutes les membres du bureau ont tenté de m'ouvrir les yeux, "la Croatie est dans l'UE" ne cessaient-ils de répéter.

A la fin le président du bureau est venu. Il a été convenu que je recevrais un cachet sur ma convocation, comme preuve que je m'étais bel et bien acquitté de mon devoir de citoyen. J'ai quitté le local sans avoir tracé de croix. La prochaine fois, j'espère m'y trouver à nouveau. Cette fois comme citoyen croate de l'UE.

Source : derwesten.de, le 9 juin 2009.


 

2. Articles


1. Les Croates sont fatigués d'attendre


Selon un récent sondage, la majorité des Croates ne considèrent plus l'intégration européenne comme la panacée. Jutarnji List essaie de comprendre pourquoi.

A quelques mois de la fin des négociations d'adhésion à l'Union européenne, 25 % seulement des Croates estiment que l'entrée de leur pays dans l'UE est une bonne chose. C'est ce que révèle, entre autres, le dernier sondage de Gallup sur la perception de l'Union dans les pays des Balkans occidentaux, qui sera publié ce mercredi 17 novembre à Bruxelles.

Si un référendum sur l'adhésion avait eu lieu aujourd'hui, les Croates auraient voté à 43 % contre et à 38 % pour. Le cas de la Croatie confirme ainsi un paradoxe récurrent : au fur et mesure qu'un pays s'approche de la phase finale de rapprochement avec l'UE, le soutien populaire à ce processus s'effrite.

La Croatie est, à ce jour, le seul pays de la région qui se trouve dans une phase aussi avancée. Dans tous les autres pays des Balkans, y compris en Albanie, dont la demande d'ouverture de négociations vient d'être repoussée par la Commission, les deux tiers au moins de la population soutiennent l'adhésion de leur pays à l'UE. L'exemple du Kosovo est le plus parlant : c'est le seul pays qui n'ait encore aucun contrat formel avec Bruxelles, mais 87 % de ses habitants se déclarent ardemment en faveur de l'appartenance à l'UE de leur jeune Etat.

Pour le président de la Croate, Ivo Josipović, la baisse du soutien à l'adhésion à l'UE s'explique par la longueur des négociations, qui a provoqué un certain mécontentement, ainsi que par la peur de ce qui attend le pays une fois qu'il sera entré dans la famille européenne. La Croatie a entamé les négociations en 2005 et détient à ce jour le record de durée. La Slovaquie, la Lituanie et la Lettonie ont été jugées prêtes en un temps record de deux ans ; la Roumanie et la Bulgarie en trois ans et demi, alors qu'elles avaient été considérées comme moins préparées que ne l'est aujourd'hui la Croatie. La crise économique, ainsi que cette fameuse "fatigue de l'élargissement" y sont sans doute aussi pour quelque chose.

M. Josipovic a rappelé que le devoir du gouvernement croate et de toutes les forces pro-européennes était d'expliquer à la population que le pays n'a pas de meilleure perspective de développement. D'ailleurs, le ministère des Affaires étrangères croate a d'ores et déjà contesté le sondage de Gallup, en soulignant que, d'après ses propres estimations, 62 % à 65 % des Croates voteraient pour l'adhésion à l'UE. Bruxelles n'a pas encore donné de date fixe d'adhésion à Zagreb, mais on évoque de plus en plus de manière officieuse 2013 ou 2014 au plus tard.

Il est intéressant de constater que la suppression des visas pour les ressortissants des Balkans occidentaux a eu un impact plutôt négatif sur l'attitude à l'égard de l'UE en Serbie et en Macédoine. En Bosnie-Herzégovine, en revanche, 83 % des habitants se sont exprimés en faveur d'une intégration européenne rapide.

Source : courrierinternational.com, le 16 novembre 2010.

 

 

 

2. L'UE au bout de la course d'obstacles

 

 

C’est confirmé : les Croates adhéreront à l’UE le 1er juillet prochain, après plus de dix années de négociations. Si le processus a duré si longtemps, c’est parce que les Vingt-Sept, échaudés par les précédents élargissements, ont été plus stricts avec Zagreb qu’avec certains des derniers entrants.



Il y a plus de vingt ans, l'Allemagne était le premier des 27 Etats membres de l’Union Européenne [ils n'étaient que douze à l'époque] à reconnaître l’indépendance de la Croatie. Elle avait même menacé de le faire unilatéralement si l’UE ne parvenait pas à trouver un consensus. Or, aujourd’hui, l’Allemagne sera parmi les tous derniers Etats des Vingt-Sept, si ce n’est le dernier, à ratifier le traité d’adhésion de la Croatie à l’UE.


Il ne s’agit pas de la fin d’une histoire d’amour entre l’Allemagne et la Croatie, ni d’une vengeance pour l’élimination en quart de finale de la Coupe du monde de football en 1998. L’Allemagne est à présent à la tête des pays sceptiques quant au futur élargissement de l’UE, car elle est mécontente de la situation dans certains des nouveaux pays ayant adhéré à l’Union.


Des erreurs

Soutenue par les Pays Bas, le Danemark et la Finlande, elle considère que l’UE ne peut plus se permettre, pour des raisons politiques, de renoncer aux règles de base du fonctionnement de l’Union, à savoir le respect de l’Etat de droit et la lutte contre la corruption et le crime organisé. Les Etats susnommés trouvent qu’on ne peut plus transiger sur le respect de ces règles. L’Allemagne a même proposé de soumettre tous les Etats de l’Union, qu’ils soient anciens ou nouveaux, à une sorte de suivi de la part de Bruxelles. En cas de non-respect des règles communes, ils seraient exposés à des sanctions, à savoir privés de l’accès à certains fonds.


Ces Etats estiment que l’élargissement de l’UE est un des plus importants événements de l’histoire de l’Europe. Le Danemark et la Finlande,  qui ont eux aussi rejoint l’UE dans le cadre du processus d’élargissement, croient que des erreurs ont été commises dans ce processus. Aujourd’hui, il s’avère que certains pays ont adhéré à l’Union sans être entièrement prêts. A l’époque, même la Commission européenne avait estimé que la Grèce ne remplissait pas toutes les conditions nécessaires à l’obtention du statut de candidat à l’adhésion. Mais, au temps de la guerre froide, pour des raisons politiques, on lui a ouvert la porte.


Chypre est aussi entré dans l’UE alors qu’il ne contrôle toujours pas l’intégralité de son territoire. La Grèce avait menacé d’utiliser son veto pour bloquer l’adhésion de neuf nouveaux pays si Chypre ne faisait pas partie du même groupe. Quant à la Bulgarie et à la Roumanie, six ans après leur adhésion, elles ne remplissent toujours pas toutes les conditions requises et font l’objet d’un suivi accru de Bruxelles. A l’époque, les raisons politiques l’avaient emporté sur les conditions techniques de l’adhésion.


L’UE a appris sa “leçon”

Lorsque la Bulgarie et la Roumanie avaient adhéré à l’UE, les Etats issus de l’ex-Yougoslavie, de même que l’Albanie, ont vu cela comme un bon signe. “Si elles ont eu le feu vert pour entrer dans Union, nous aussi, on la rejoindra rapidement”, ont-ils espéré. Mais l’UE a bien appris sa leçon : “Nous avons commis une erreur, elle ne se répétera  plus”, avait conclu Bruxelles.


La Croatie a été le premier pays à subir l’épreuve de cette “leçon”. Elle a été soumise aux critères d’adhésion les plus stricts. Ceci explique pourquoi le processus d’adhésion a duré dix ans. Si l’on avait appliqué les mêmes critères auparavant, certains pays membres de l’UE n’y seraient pas entrés.

A en croire le dernier rapport de suivi de l’Union européenne, la Croatie est prête. L’UE s’emploie à utiliser la Croatie comme un exemple qui pourrait redonner confiance dans le sérieux du processus d’élargissement.





Traduit parKika Curovic


Source : presseurop.eu, le 27 mars 2013.

Article paru à l'origine sur jutarnji.hr

 


Rédigé par brunorosar

Publié dans #Journalistes, chroniqueurs et photographes

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