Le Lešić Dimitri Palace
Publié le 21 Mai 2010
Le Lešić Dimitri Palace
Couverte de vergers, la plus grande presqu'île de Dalmatie Pelječac s'étire au point de quasiment toucher l'île de Korčula. Trente minutes de ferry plus tard, la vieille ville
éponyme se dessine dans une lumière de miel à l'heure de la sieste. Les chats somnolent dans les ruelles ombreuses, tout comme les petits vendeurs du marché estival (chapeaux de paille, sandales,
articles de plage...) installés au pied de l'escalier de la porte de la Terre, voie royale pour pénétrer cette cité mythique, dont la beauté suscita, au cours des siècles, la convoitise des
Grecs, des Slaves, des Vénitiens, des Turcs, des Génois et des rois croates.
Tout près de là, un extraordinaire boutique- hôtel, le Lešić Dimitri, ancien palais épiscopal du XVIIIe siècle, laissé à l'abandon durant cent ans, vient d'être ressuscité par ses propriétaires
britannico-croates (la famille Unsworth). Leur ami l'architecte thaï Attayut Piravinich s'est appuyé sur l'histoire locale afin de lui redonner une âme : «Pour le Lešić Dimitri, je me suis
inspiré du plus noble et du plus illustre des voyages de Marco Polo (une légende affirme que l'explorateur serait né non pas à Venise mais bien à Korčula, alors sous dominaion vénitienne) : la
route de la soie. Le bâtiment principal étant sur cinq niveaux, les appartements reprennent chacun un des thèmes de ses escales : Korčula, Venise, le Moyen-Orient, l'Inde, la Chine.» Dans cette
superbe bâtisse labyrinthique en pierres blondes, restaurée dans les règles de l'art sous le regard vigilant des Monuments nationaux, les six «résidences» (entre suites et appartements) évoquent
un univers contemporain où chaque contrée serait poétiquement suggérée et non illustrée. Korčula Residence, la plus spacieuse 4 chambres s'étend sur 162 mètres carrés, Venice comprend 3 chambres,
China et India en ont 2, Arabia aux allures de tente orientale est un open space idéal pour un couple, tout comme Ceylon, deux fois moins grande mais logée dans les vestiges médiévaux du palais.
Toutes stimulent le rêve et l'imagination. Jardin secret, terrasse conçue comme une volière suspendue, panneaux de bois ou de métal ajourés reprenant les motifs artistiques (rosace ou
corniche...) de la cathédrale Saint- Marc, érigée en pierres de Korčula au XVe siècle. Il n'y a ni piscine ni parc, mais le restaurant et le spa ont ouvert dans deux bâtiments voisins.
Nous sommes en plein coeur de la ville historique, dédale de ruelles dallées de marbre et d'édifices de styles gothique et Renaissance. Une artère centrale, barrée de venelles en arêtes de
poisson, sépare la cité en deux. Toutes convergent vers la mer. Les ruelles occidentales sont droites pour que s'engouffre la brise du maestrale, tandis que les orientales sont courbes afin de
barrer la route à la bora, vent glacial du nord-est. Sur le balcon de China, l'une des six suites, ricochent éclats de voix et notes de musique échappés de la demeure voisine. «Ce ne sont pas des
disputes, mais de simples discussions, car ici on a le verbe haut», s'amuse Toni Lozica, le manager de l'hôtel, un Golgothe adepte de la moreška, la célèbre danse folklorique des sabres. Du linge
pend aux fenêtres, des mamies font la causette sur le seuil de leur porte : l'influence italienne reste bien vivace! De la terrasse ombragée, entre un toit et un clocher, se profile la mer d'un
bleu intense. Au petit matin, les clients dévalent la ruelle pour se baigner dans ses eaux limpides.
Source : lefigaro.fr, le 21 mai 2010.