Enzo Bettiza

Publié le 17 Novembre 2009

Enzo Bettiza, la nostalgie pour un monde perdu


 

Ce célèbre journaliste et politicien italien, romancier et fondateur de journaux, est né à Split en 1927. Splitois lucide, il a décrit sa jeunesse dalmate et l'exil de sa famille dans Esilio, une prose autobiographique datant de 1995. Devenu plus tard journaliste et écrivain, il avait quitté la Dalmatie alors qu'il était âgé de 18 ans et jamais il n'a renié sa patrie. Il a d'abord vécu à Trieste à laquelle il a dédié deux livres : Mito e realtà di Trieste ainsi que Il fantasma di Trieste.* Pendant tout un temps il a travaillé pour le Corriere della Sera, et de pair avec Montanelli il fut le fondateur du quotidien Il Giornale de Milan. Des années durant, il avait rempli de ses rapports fébriles La Stampa de Turin, et cela d'abord à Vienne puis à Moscou. Bettiza est l'un des journalistes italiens aux origines dalmates ou istriennes qui, aux côtés de Demetrio Volcic et Frane Barbieri, se sont forgés une réputation en Italie grâce à leurs correspondances sur l'Europe de l'Est.

 

Polyglotte et très instruit, sensible aux questions sociales quoique lui-même fils d'un industriel, Enzo Bettiza a été membre du sénat italien et du Parlement européen en siégeant sur les bancs des formations de gauche. Il a consacré toute une série de livres influents portant sur la Russie et les dictatures communistes dont les plus fameux sont Il mistero di Lenin, L'eclisse del communismo, I fantasmi di Mosca. Doté d'un vif tempérament depuis son plus jeune âge, ce sanguin Dalmate n'a jamais beaucoup goûté à la discipline de parti pas plus qu'aux rédacteurs qui le chapeautent, ce qui explique que sa biographie abonde en brusques changements et décisions inattendues.

 

Son roman autobiographique Esilio a connu un excellent écho. L'émouvante saga familiale des Bettici, dans la Dalmatie multiethnique et plurilingue de son enfance, est racontée avec sentiment par un petit garçon qui dans le chaos guerrier grandi et gagne en maturité. Il se voit contraint de perdre sa contrée d'origine par la faute de régimes autocratiques et de trouver une nouvelle patrie. Son Exil n'est pourtant pas qu'un récit sur les soubresauts politiques mais plutôt une confidence nostalgique sur un monde depuis bien longtemps révolu, sur ses parfums et ses saveurs, sur son atmosphère que les générations actuelles ne peuvent plus guère ressentir.

 

* Le Fantome de Trieste [1960], traduit de l'italien par Claude Poncet, 408 pages, Collection Du monde entier, Gallimard.

 

Source : Slobodan Prosperov Novak, 101 Dalmatinac (101 Dalmatiens), Biblioteka Ambrozija, Zagreb, 2007, p. 182-183.

Rédigé par brunorosar

Publié dans #Journalistes, chroniqueurs et photographes

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article