Le terminal de gaz naturel liquéfié à Krk

Publié le 21 Août 2017

1. La Croatie construit un terminal de gaz naturel liquéfié dans l’Adriatique

 

La Croatie a entamé les travaux préliminaires sous-marins dans le nord de l’Adriatique, première étape concrète à la construction d’un terminal de gaz naturel liquéfié (GNL). Un projet longtemps retardé et pourtant nécessaire pour réduire la dépendance de l’UE envers le gaz russe.

LNG Hrvatska, une société locale en charge du projet, a confirmé au quotidien croate Novi List que les travaux impliqueraient des recherches et des forages des fonds marins au large de l’île de Krk, afin de tester sa stabilité, et dureraient jusqu’au 25 septembre.

L’UE a mis le terminal Krk sur sa liste de projets d’intérêt commun, puisque son objectif est de diversifier les sources d’approvisionnement en gaz et de réduire la dépendance vis-à-vis du gaz russe. Bruxelles participe au projet à hauteur de 101,4 millions d’euros, soit près de 30 % de sa valeur estimée.

La capacité du terminal de GNL, qui devrait être finalisé en 2019, est évaluée à environ deux milliards de mètres cubes de gaz par an. La Croatie vise les marchés d’Europe centrale ainsi que le sien.

A l’origine, la Croatie voulait construire un terminal terrestre doté d’une capacité trois fois plus grande que le terminal flottant, mais ce projet a été temporairement abandonné, en attendant d’évaluer la future demande de l’Europe en gaz.

Le projet de terminal de GNL dans l’Adriatique a été pensé il y a plus de 10 ans, mais la première concrétisation était tombée à l’eau car le processus décisionnel trop lent en Croatie avait découragé les investisseurs.

De l’autre côté de l’Europe, la Pologne a ouvert son premier terminal de GNL dans un port de la mer baltique, Swinoujscie, en 2016. La Pologne et la Croatie ont signé un accord pour construire un corridor gazier nord-sud qui devrait voir le jour dans deux ou trois ans pour faire circuler le gaz entre les deux terminaux.


 

Source : euractiv.fr, le 21 août 2017.

 

 

 

2. En Croatie, le terminal gazier fait craquer Krk

 

Cette île de la mer Adriatique est très prisée des vacanciers européens. Mais le projet de terminal flottant, pour fournir l'Europe centrale en gaz, menace la qualité des eaux.

Les silhouettes des porte-conteneurs se découpent sur le fond du golfe du Kvarner. Drazen Lesica regarde la mer de la fenêtre du restaurant familial, fondé en 1934 sur l'île de Krk. « La pêche, c'est notre richesse, mais avec la construction du terminal de gaz naturel, la baie va se transformer en une piscine d'eau chlorée », soupire-t-il. Le tourisme, qui multiplie par dix la population locale (19 000 habitants) en été, pourrait en souffrir.

Les habitants de Krk savent que la diversification des approvisionnements en gaz de l'Europe, trop dépendante de la Russie, passe par leur île. En 2015, la construction par le groupe LNG-Hrvatska d'un terminal terrestre a été actée, pour réceptionner le gaz d'Afrique du Nord et l'acheminer par gazoduc vers l'Europe centrale. « Nous avions accepté parce que les conséquences écologiques semblaient limitées, explique Mirela Ahmetovic, la maire de la commune d'Omisalj. Mais sans nous prévenir, le gouvernement a opté pour un terminal flottant et une technologie extrêmement polluante. »

 

Fonds marins stérilisés

Pour repasser de l'état liquide à l'état gazeux, on utilisera de l'eau de mer.« Mais, pourdébarrasser l'eau de mer des matières organiques, on y ajoute du chlore. Rejetées en mer, les eaux usées vont stériliser les fonds marins », précise la biologiste Milvana Arko-Pijevac.

D'une capacité de 2,5 milliards de mètres cubes par an, le terminal flottant devrait coûter 383 millions d'euros, dont 101millions financés par l'Union européenne. « Une commission a été mise en place pour évaluer les conséquences environnementales. Mais la majorité de ses membres ont été nommés par le gouvernement, et ils ont conclu qu'il ne présentait aucun danger », s'indigne Vjeran Pirsic, de l'association écologiste Eko-Kvarner. La maire Mirela Ahmetovic soupçonne les arguments « géopolitiques » de cacher de sordides intérêts privés.

À quelques kilomètres du futur terminal, 80 villas sont en construction sur un pan de colline boisée. « Nous avons investi des millions pour rénover nos centres de vacances, mais la pollution rendra la mer impropre à la baignade, soupire Zvonimir Tudorovic, copropriétaire du groupe Njivice Hotels. Si le gouvernement ne fait pas machine arrière, nous bloquerons le pont menant au continent. »

 

 

Par Jean-Arnault Dérens et Laurent Geslin

Source : ouest-france.fr, le 6 avril 2018.


 

Rédigé par brunorosar

Publié dans #Economie et mouvements sociaux

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