Boris Bućan
Publié le 6 Août 2011
Boris Bućan
Boris Bućan est né en 1947 à Zagreb. Il achève l'Ecole des arts appliqués de Zagreb en 1967 et obtient son diplôme à l'Académie des Beaux-arts de Zagreb en 1972.
Vers la fin des années soixante, il commence à créer avec toute la nouvelle génération des artistes de Zagreb une série de travaux d'art destinés aux espaces urbains. Au cours des années
soixante-dix, il réalise de nombreuses oeuvres remettant en question la signification et le fonctionnement des conventions en matière d'art. A titre d'exemple, il a écrit le mot MENSONGE sur un
immense drapeau en soie à la fois en signe de protestation et d'affirmation; il a »peint« le mot ART sur des toiles de formats standardisés dans les logo-types les plus fréquemment utilisés par
des firmes de consommation les mieux affirmées (Coca-cola, Swissair, Agfa, etc...); il a crée des objets qui étaient un re-design provocant de procédés de quelques artistes tels que Caravaggio,
Manet, Brancusi, Duchamp, Mondrian; un peu plus tard il a dessiné à I'aide d'instruments musicaux ou bien il a exposé des échantillons de papiers peints plastiques comportant différents motifs
décoratifs substituant les peintures. Ses oeuvres néo-dadaistes etaient caractérisées par la clarté de ses idées et par son ironie. Au cours de cette période-là, Bućan produisait également des
affiches sur lesquelles il exprimait son point de vue critique à l'égard de son environnement.
Les innovations de Bućan sur ses affiches datent de la seconde moitié des années soixante-dix, alors qu'il était un artiste mûr, expérimenté, imaginatif ayant son propre point de vue. Ses travaux
ont été enrichis par ses préoccupations complémentaires de plus en plus complexes. L'élaboration par la couleur et les formes prédomine bien que I'impact immédiat de I'ensemble subsiste. Bućan
est à la fois un artiste enthousiaste et un observateur détaché; il adopte divers styles et traditions artistiques - autochtones et mondiaux - comme source de ses citations, transformations et
point de départ de ses interprétations. L'effet de la nouvelle affiche de Bućan est basé sur l'impression que laisse I'image de choc et non sur des signes faciles à retenir.
L'affiche du Trentenaire de l'Association des Artistes en Arts appliqués réalisée par Bućan, présente ainsi un commentaire de I'auteur intitulé "Discussion de I'artiste, du designer et du
'kitscher'". Une figure sculpturale symbolise l'art, une figure d'une illustration de magazine symbolise le kitsch, et un autoportrait quasi réaliste symbolise le design. Ces trois figures sont
assises sur un tapis volant dans le ciel d'un rouge vif particulier. En trouvant de nouveaux symboles et en provoquant des associations d'idées inhabituelles, Bućan crée une image utilitaire
entraînant I'observateur dans un processus de communication complexe. Destinées exclusivement à des manifestations culturelles, ces affiches s'adressent à un public cultivé, capable de comprendre
leur message. Mais le thème essentiel est donné par des textes en second plan, dans la zone marginale ou dans celle du cadre passe-partout servant à mieux disposer la partie visuelle de
I'affiche. A l'intérieur de ce cadre est disposée une image libre créée par Bućan et résultant du double processus d'association d'idées de I'auteur, celle de I'image iconique et celle de son
procédé de présentation. Sur une même affiche apparaissent différents types de transformation des figures à l'intérieur de nouveaux signes, capables de communiquer une anecdote ou une idée
abstraite complexe et de provoquer une vaste gamme d'associations d'idées orientées sur le pouvoir, le doute, la puissance, le succès, le mal. Par leurs propres procédés d'animation, les
arabesques de Bućan transcendent non seulement les stéréotypes ornementaux de la tradition locale, mais aussi les expériences actualisées dans le monde, et même les observations directes de la
nature. Ses dessins développent ses bariolages jusqu'au bord de la destruction de la forme ou de la fustigation au moyen de la ligne quasiment jusqu'à en tourmenter le papier où "le dessin avant
les pensées" révèle le mieux le comportement de l'artiste.
Les intentions de I'artiste que l'on reconnaît rarement sur ses affiches produites dans un passé récent, se reflètent dans ces nouvelles oeuvres, dans ses formes coniques, tranchantes, dessinées
brusquement, interrompues ou tout juste incisées en surface. Par le tranchant des formes et par ses thèmes pleins d'imagination soudaine, Bućan crée un type particulier d'oeuvres empreintes de
sensualité avec laquelle il ressent et re-conquiert l'héritage spirituel à l'intérieur de la conscience contemporaine, présente également dans la peinture moderne et le show business.
Est-ce la cette nouvelle peinture sur commande, semblable à la peinture traditionnelle qui - après avoir rempli sa fonction dans le système social et religieux, dans les palais ou les églises et,
à présent, dans la rue - est transférée dans un musée ou dans une galerie, devient reconnaissable et est acceptée en tant qu'art ? Quoiqu'il en soit, il est certain que les affiches de Bućan
représentent une contribution exceptionnelle dans l'entrecroisement et dans I'influence mutuelle des expériences en matière d'art et d'art appliqué.