La Nouvelle Flamme

Publié le 9 Novembre 2009

La Nouvelle Flamme

 

 

Novi Plamen (La Nouvelle Flamme) est un magazine de gauche qui s'adresse au public sur le territoire de l'ex-Yougoslavie. Il est publié par la maison d'édition Demokratska misao (La Pensée démocratique), et il a pour rédacteurs en chef Filip Erceg, Mladen Jakopović (pseudonyme Dan Jakopovich) et le professeur Goran Marković.

 

Le magazine dispose d'un Comité consultatif qu'intègrent des personnalités internationales de gauche bien connues telles que Noam Chomsky, Ken Coates, David Graeber, Michael Albert, John McDonnell, Catherine Samary et Jean Ziegler que viennent renforcer  d'éminents intellectuels et personnalités publiques de l'Europe du Sud-est, dont le vice-Premier ministre du Gouvernement croate Slobodan Uzelac, le député croate Milorad Pupovac, le président de l'Association des Ecrivains Croates Velimir Visković, les écrivains Slobodan Šnajder et Pedrag Matvejević, les ex-ministres bosniaques Marko Oršolić et Dragoljub Stojanov, le professeur et politicien Bogdan Denitch, l'acteur Josip Pejaković, le philosophe Miodrag Živanović et d'autres. Ont également apporté leur contribution au magazine Igor Mandić, Todor Kupljić, don Ivan Grubišić, Drago Pilsel, l'illustrateur Branko Ilić, Srećko Pulig, Rastko Močnik, Sonja Lokar, Inoslav Bešker et Slavoj Žižek.

 

Novi Plamen et la maison d'édition Demokratska misao ont organisé en commun une conférence scientifique internationale intitulée Participation, Self-management, Democracy qui s'est tenue à Zagreb en novembre 2007 conjointement avec l'International Left Forum du Parti de gauche suédois.

 

Le nom Novi Plamen est une allusion au fameux magazine Plamen (La Flamme), qui avait été publié en 1919 et dont les éditeurs étaient Miroslav Krleža et August Cesarec.

 

 

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Novi Plamen, une nouvelle voix de gauche en Croatie

 

 

Noam Chomsky, Bogdan Denić, Rastko Močnik, Sonja Lokar, Slavoj Žižek, Josip Pejaković, Svetozar Livada, Lino Veljak, Slobodan Šnajder, Predrag Matvejević, Milorad Pupovac, Dubravka Ugrešić ne sont que quelques uns des grands intellectuels qui ont apporté leur soutien à la revue Novi Plamen (Nouvelle Flamme) dont l’ambition est de combler le vide médiatique à gauche - en Croatie, mais aussi dans toute la région.

La revue Novi Plamen  existe depuis 2006 et a été pensée à l’origine comme un mensuel mais, eu égard aux moyens financiers limités, elle paraît plus épisodiquement. En fait, dès que l’argent des donateurs renfloue les caisses éditoriales. Il y a peu, le numéro 14 est paru : au fil de ses 200 pages, il aborde les problématiques liées à la crise qui secoue aussi bien les sociétés de l’Est que les sociétés de l’Ouest, et qui renvoie en réalité à la problématique de la justice sociale. Ce qui intéresse Novi Plamen, c’est donc le droit de tout un chacun à une existence digne, un droit violé en permanence par des anomalies économiques, sociales, politiques, syndicales et autres.

Miroslav Krleža écrivait en 1934, dans la revue zagreboise Danas  : « Nous vivons sous le poids lourd et maudit des schémas ancestraux, des banalités et des idées fausses quant à la réalité, et il nous est bien difficile de nous frayer un chemin à travers ces espaces sombres que pourtant nous vêtons de l’habit pourpre des siècles et de la tradition, pour atteindre la vérité simple et immédiate à savoir que l’Homme devrait être pour son prochain un Homme et non un employeur. La disparition de ce rapport indigne est la condition première de tout développement et de tout progrès futurs de l’humanité. » Ce n’est pas un hasard si ces mots figurent aujourd’hui sur la couverture de Novi Plamen. Ils sont à la fois la preuve de l’existence de la revue et une justification de cette existence tout comme ils rappellent la figure d’un des précurseurs de la pensée de gauche, qui en 1919, en compagnie d’Auguste Cesarec, éditait la première revue Plamen.

Zagreb se trouve également à l’initiative de Novi Plamen. Il s’agit à ce jour de la seule revue de gauche englobant l’ensemble de l’espace ex-yougoslave et réunissant à ce titre certains des plus grands intellectuels des républiques issues de l’ancien État commun. La revue est donc un précieux facteur d’intégration intellectuelle et le héraut d’une civilisation plus humaine.

Son rédacteur en chef, Mladen Jakopović la décrit comme la revue d’une gauche démocratique, qui traite de thèmes aussi bien politiques, sociaux que culturels, qui représente d’une manière pluraliste et non exclusive des valeurs démocratiques et humanistes fondamentales, qui cherche à ouvrir le chemin vers une authentique et intégrale démocratie politique, sociale et économique et qui accorde dans sa démarche une attention particulière aux questions relatives aux droits de l’Homme, à la liberté démocratique, à la participation citoyenne, à la tolérance ainsi qu’à l’antifascisme et à une politique internationale pacifique.

Le dernier numéro de la revue, auquel ont participé entre autres Tomislav Jakić, Dubravka Ugrešić, Boris Buden, Latinka Perović, Jose Saramago, Slavoj Žižek et Todor Kuljić, est surtout consacré à la crise économique actuelle et à la situation générale des sociétés post-yougoslaves. Alors que le débat principal porte sur le bien-fondé et la légitimité des systèmes politiques et économiques, c’est-à-dire sur la quantité des droits (au bien-être matériel et autres) dont jouissent les personnes, les nations et les races, un des textes va plus loin et se penche sur l’égalité des espèces.



Le « spécisme », nouveau champ de bataille pour la gauche ?

Dans son article intitulé « le Spécisme », Zoran Čiča, ethnologue et historien zagrebois, présente aux lecteurs le concept éponyme forgé par l’américaine Joan Dunayer et qui se rapporte au refus d’accorder toute considération et respect à un être vivant appartenant à une espèce autre ou présentant des caractéristiques différentes de celles de l’espèce du point de vue de laquelle se déroule l’observation. Dit plus simplement, le spécisme est la discrimination sur la base de l’espèce.

C’est la glorification des spécificités de sa propre espèce et leur érection au statut de principe ou d’idéologie, qui est à l’origine du spécisme. « La situation dans laquelle se trouvent aujourd’hui les espèces non-humaines, dans la plupart des sociétés, est l’illustration même d’une prétendue supériorité de l’espèce humaine sur toutes les autres espèces animales. De là, l’habitude de classer les non-humains en fonction de leur utilité pour les humains ; les non-humains sont les esclaves des sociétés humaines.

Les non-humains sont appelés choses. On peut les multiplier, les élever, les enfermer et même les tuer (sauf s’ils sont la propriété d’un autre humain auquel on fait alors un tort matériel ou émotionnel par cet acte de violence) selon notre bon vouloir. On peut les chasser, les torturer, les utiliser pour des tests de laboratoire pour satisfaire la curiosité humaine ou encore, pour des travaux pénibles. Les humains ne pourraient pas se livrer à tous ces actes sans une conscience forte d’appartenir à une autre espèce. Même les lois qui à première vue protègent les non-humains des excès des humains, appuient en réalité ces pratiques.

Comme tout « isme », fruit de la bigoterie, le spécisme est la conséquence d’un regard borné et partiel sur le monde, qui ne permet pas de saisir toutes les subtilités de cette broderie fine qu’est la vie. En tant que tel, c’est le devenir de l’espèce humaine elle-même qu’il met en danger. Renoncer à ce point de vue spécifique ne signifie pas seulement se montrer généreux à l’égard des non-humains ; c’est également faire preuve d’une maturité morale, d’une approche globale de la vie et d’une responsabilité pour le bien être de l’humanité.

S’il est question d’égalité, ce vers quoi tend la gauche, il faut être conséquent. Car, quelle différence y-a-il entre spécisme et nazisme ? ».

Traduit par Ognjenka Fejić

Source : balkans.courriers.info, le jeudi 30 décembre 2010.
 

Rédigé par brunorosar

Publié dans #Littérature, #revues et journaux

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