Josip Roglić

Publié le 22 Mai 2011

Josip Roglić (1906-1987)


 

http://www.speleologija.hr/znanost/istrazivaci/AkademikJosipRoglic.jpgJosip Roglić est né à Župa Biokovska, un hameau de la commune d'Imotski, donc de la Zagora croate, à la frontière de la Bosnie-Herzégovine - à cette époque territoire militaire autrichien. Il fit ses études au lycée de Split et à l'université de Belgrade, dans la section de Géographie et de Géologie, où il soutint sa thèse sur sa montagne natale, le Biokovo, en 1934. Ses premiers travaux lui permettent d'obtenir des bourses de séjour à l'étranger, en France à Strasbourg et à Montpellier, où il est l'élève d'Henri Baulig et de Jules Sion et en Allemagne, à Berlin avec N. Krebs.

Son activité scientifique est bloquée par la guerre et les événements douloureux qui affectent son pays, plus particulièrement la Croatie, où il est à Zagreb successivement professeur de lycée, d'Ecole normale et d'Université. Mais, en 1946, appelé comme expert à la délégation yougoslave à la Conférence de Paix à Paris, sa connaissance des problèmes régionaux de l'Istrie et de la Slovénie méridionale lui permettra de jouer un rôle efficace dans l'attribution de ces régions à la Yougoslavie - c'est à partir des documents recueillis qu'il a tiré un livre sur la Marche Julienne (1949).

Par ailleurs son activité universitaire et scientifique prend un grand essor. A Zagreb, il fonde l'Institut de géographie, anime la Société spéléologique de Croatie, et la revue Geografski Glasnik. Il est invité à l'étranger, rencontre les géomorphologues et karstologues, Georges Chabot à Dijon,  Pierre Birot à Paris, H. Lehmann à Francfort, et enseigne un semestre à l'Université de Giessen.

Son oeuvre scientifique, dont témoigne une très riche bibliographie établie par T. Ségota (1986), est celle d'un géomorphologue du karst dinarique, fortement influencé au départ par l'oeuvre monumentale de J. Cvijić, mais qui a su tirer un très grand parti des idées des écoles française et allemande. Géomorphologue de terrain, il a été, comme d'autres, confronté au problème des surfaces d'aplanissement dans le karst, observées sur le pourtour du poljé d'Imotski (1938). En 1953-1954, il synthétise ses observations sur les surfaces de corrosion du karst dinariques et sur le rôle de l'érosion fluviatile dans la genèse des poljés et semi-poljés (1957-1960).

Dans une seconde phase de ses recherches, J. Roglić s'est orienté vers l'analyse du rôle des paléo-climats quaternaires dans l'évolution du karst, montrant en particulier l'abaissement considérable de l'englacement sur les montagnes proches du littoral, et les conséquences sur l'évolution des poljés (1961, 1964).

Par ailleurs, sa connaissance des données hydro-géologiques, géotechniques et spéléologiques lui a permis d'exposer les problèmes de l'évolution des poljés en fonction du développement de l'endokarst (1965, 1969), et il contribue avec M. Herak à une synthèse d'ensemble du karst yougoslave (1972, 1974).

Les problèmes d'environnement en milieu karstique n'ont cessé de l'intéresser, et il a particulièrement mis en valeur les conditions de formation et de survie des barrages travertineux des lacs de Plitvice (1977-1981).

Géomorphologue, J. Roglić était aussi un géographe au plein sens du terme, soucieux de comprendre et d'expliquer les mutations des structures, de la population et des paysages de la République socialiste de Croatie. Il a contribué à l'approche de la régionalisation à l'intérieur de cette république (1968) et a fait connaître le rôle des grands aménagements routiers et ferroviaires dans la restructuration de l'économie, spécialement pour le développement de la zone portuaire et industrielle de Rijeka, et sur la réorientation de l'Istrie dans la zone d'influence de cette ville par la réalisation du tunnel routier de l'Učka.

Professeur et académicien, il a dirigé et encouragé de nombreux chercheurs et fait publier leurs travaux ; la Geografija SR Hrvatske (6 vol.) doit beaucoup à ses élèves et à lui-même. Toutefois, la rançon des orientations multiples données à l'Institut de géographie de Zagreb a fait qu'il n'a pas eu de successeur direct dans sa propre spécialité, la géomorphologie karstique, Par ailleurs, la maladie l'a malheureusement empêché de donner une synthèse sur les aspects et les problèmes des transformations des espaces ruraux, domaine où il avait recueilli une masse d'informations considérable.

Les travaux de J. Roglić avaient acquis une renommée internationale, et sa connaissance de plusieurs langues lui avait permis de fréquenter les milieux scientifiques européens, de l'Ouest et de l'Est, ainsi qu'aux Etats-Unis et même en Chine. Mais c'est avec les géographes français qu'il se plaisait particulièrement à se retrouver, s'exprimant parfaitement dans leur langue et très imprégné de la culture française. Il a fréquenté le laboratoire de P. Birot, encouragé André Blanc dans ses recherches, maintenu à Zagreb la présence de la culture scientifique française dont il avait souligné l'importance (1964-1965). Il était membre des Comités de patronage de deux revues françaises : Méditerranée et Karstologia.

Josip Roglić s'est éteint à Zagreb en 1987.

 

 

Source : http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/geo_0003-4010_1988_num_97_542_20694

 

Annexes : 

 

Rédigé par brunorosar

Publié dans #Scientifiques

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