Ante Tomić
Publié le 30 Décembre 2009
1. Biographie
Né à Split en 1970, Ante Tomić est un écrivain et journaliste.
Ante Tomić a achevé des études de philosophie et de sociologie à la Faculté de philosophie de Zadar. En tant qu'écrivain il a publié pour la première fois dans la revue Torpedo, dont il intégra la rédaction par la suite. Son premier recueil de nouvelles "Zaboravio sam gdje sam parkirao" ("J'ai oublié où je me suis garé") a été publié en 1997. Son premier roman "Što je muškarac bez brkova" ("Qu'est-ce qu'un homme sans moustache") date de l'année 2000 et a connu un succès notable avec sept éditions jusqu'à présent. En 2001, il fait paraître le livre "Smotra folklora" ("Revue de folklore") et signe avec Ivica Ivanišević le drame "Krovna udruga" ("Organisme faîtier"). En 2003 paraîtra le roman "Ništa nas ne smije iznenaditi" ("Il n'est rien qui ne puisse nous surprendre"), suivi en 2004 par le livre "Klasa optimist" ("Classe optimiste"), et en 2005 par le roman "Ljubav, struja voda i telefon" ("Amour, courant eau et téléphone").
Ante Tomić travaille pour le journal Jutarnji list. Il a reçu le prix de l'Association des journalistes croates en 1996 pour le meilleur reportage et en 2005 pour la meilleure chronique.
Ante Tomić a écrit avec Ivica Ivanišević le scénario du film "Posljednja volja" ("Dernière volonté"), ainsi que la série télévisée "Nova doba" ("La Nouvelle époque") avec Ivica Ivanišević et Renato Baretić. En 2005, Hrvoje Hribar a tourné le film "Qu'est-ce qu'un homme sans moustache" d'après le roman de notre auteur. A son tour, Rajko Grlić réalisera le film "Karaula" à partir du roman "Il n'est rien qui ne puisse nous surprendre".
2. Article
Un texte sur le flot grandissant des quasi-anonymes qui tentent leur chance lors des grands rendez-vous électoraux :
Pourquoi quelqu'un se fait-il passer pour un gros 0 en échange de 0,37% des voix ?
Zagreb - Par terre, à l'arrêt d'autobus, traîne le placard déchiré et détrempé d'un candidat présidentiel avec pour slogan : "Quand, si pas maintenant ?". Je ne comprends pas trop bien en quoi le moment est-il si crucial, mais il semble que les autres électeurs n'en ont pas une meilleure idée puisque le candidat affiche des chances insignifiantes, presque infinitésimales, de s'installer dans les bureaux de Pantovčak. Le bonhomme, je présume, a dû penser à lui. C'est vrai qu'il est déjà d'un âge avancé ; son temps s'écoule inexorablement et s'il n'arrive pas maintenant à s'arroger quelques honneurs, l'occasion ne se reproduira plus ; sa vie s'achèvera anonyme et insaisissable. Aucune rue pour porter son nom. Il n'est nul parc qui ne sera orné par son buste.
Bien que le malheureux se soit employé de tout son coeur à nous convaincre de ses égarement déplorables quant à la Patrie et à la Nation, le petit matin d'après les élections le surprendra la fierté brisée. Sans doute fera-t-il celui qui n'en a cure mais en son âme il sera sanguinolent vu le piteux pourcentage récolté, et, pendant tout un temps, dans sa honte, il fuira toute compagnie. C'est encore ce qui lui reste de plus malin parce que, à leur tour, les autres tâcheront de l'éviter. Et ceux qui lui sont chers, il ne pourra les regarder en face. Tout cela par crainte d'avoir à lire dans leur regard que pas même eux n'ont voté pour lui.
J'observe sa rognure humide jonchant l'asphalte et n'en finis pas de m'étonner que quelqu'un de normal puisse vouloir essuyer si cuisante défaite. Quel orgueil débridé a pu aveugler notre homme, qui l'a tourné en ridicule si atroce pour qu'avec zéro virgule trente-sept pour-cent des voix il fasse figure de pareil zéro ?
Et il n'est pas le seul, de tels losers les élections en ont vus plus d'un. Pour être franc, au moins la moitié des candidats vivent avec une aussi grossière incompréhension du réel que tout psychiatre pourrait leur diagnostiquer un trouble de la personnalité narcissique et ordonner que trois fois par jour, une fois le repas consommé, ils prennent une ptit' pilule couleur rosâtre.
Dans la matinée d'après les élections tout le monde parlera des deux candidats parés pour le second tour, mais, à mon avis, ceux qui ne sont pas du lot seront bien plus intéressants.
L'impassible oubli qui viendra recouvrir les perdants et les figurants, leur douleur et leur affront infligé, voilà ce qu'est la véritable tragédie humaine.
Source : jutarnji.hr, le 28 décembre 2009.
3. Une poupée à l'effigie d'un journaliste brûlée publiquement, RSF condamne un acte odieux
Reporters sans frontières (RSF) est consternée d’apprendre qu’une poupée à l’effigie d’un journaliste croate, Ante Tomic, chroniqueur pour le quotidien Slobodna Dalmacija, a été brûlée lors d’une manifestation publique le 17 février. L’organisation condamne fermement cette attaque et demande aux autorités de réagir.
C’est à la fin d’un carnaval populaire de la petite municipalité de Proložac (sud du pays), et au terme d’un discours à charge contre le journaliste Ante Tomic, reconnu “coupable” de tous les maux de la société croate, qu’une poupée à son effigie a été brûlée.
“Est-il possible qu’en 2015, dans un pays membre de l’Union européenne, on puisse brûler symboliquement un journaliste devant une foule sans rendre des comptes à la justice ? Cette agression insupportable doit faire l’objet d’une enquête pour ce qu’elle est : une menace de mort”, déclare Lucie Morillon, directrice des programmes de Reporters sans frontières.
Le procédé n’est pas nouveau : il y a un an, dans une manifestation similaire du village d’Omis, une poupée représentant le journaliste Vinko Vukovic, lui aussi du quotidien Slobodna Dalmacija, avait été brûlée sur la place publique.
Ante Tomic, qui est originaire de Proložac, avait été victime d’une agression le 23 février 2014, alors qu’il était à la terrasse d’un café dans la ville de Split. Un homme lui avait alors jeté un sceau d’excréments au visage et lui avait ensuite lancé : “Maintenant tu peux écrire sur moi”.
Suite à cette agression, le journaliste a porté plainte. Bien que la police ait annoncé disposer d’images de vidéo surveillance permettant d’identifier l’agresseur, aucune arrestation n’a eu lieu et personne n’a été inquiété.
La Croatie figure à la 58ème position sur 180 pays au Classement mondial de la liberté de la presse 2015.
Source : fr.rsf.org, le 24 février 2015.
4. Appel à la démission après l'agression d'un journaliste
L'Association des journalistes de Croatie a appelé aujourd'hui à la démission du ministre de la Culture après une réaction jugée "honteuse" à l'agression d'un journaliste local.
Ecrivain et journaliste satirique connu en Croatie, Ante Tomic a été verbalement et physiquement agressé en début de semaine par deux hommes à Split, sur la côte adriatique. Cette agression, au cours de laquelle un des proches d'Ante Tomic a été blessé à la tête, fait suite à une série d'incidents et déclarations visant les médias indépendants en Croatie.
Tout en condamnant dans un communiqué "la violence physique et les attaques à l'encontre de tout citoyen", le ministre de la Culture Zlatko Hasanbegovic a "rappelé l'importance de la responsabilité des mots prononcés et écrits publiquement".
"Au lieu de condamner clairement l'attaque contre Ante Tomic, une mise en garde honteuse a été publiée" par le ministre, a déploré le président de l'Association des journalistes croates, Sasa Lekovic. "Par sa réaction, le ministre justifie ou relativise les coups et les menaces et devrait donc démissionner", a-t-il ajouté dans un communiqué.
Depuis l'arrivée au pouvoir en janvier d'un nouveau gouvernement conservateur en Croatie, les défenseurs des droits de l'homme s'inquiètent des pressions politiques contre les médias indépendants dans le pays. La Fédération internationale des journalistes (FIJ) a récemment appelé les autorités croates, et notamment le premier ministre Tihomir Oreskovic, à "mettre fin au musellement antidémocratique des journalistes et des médias libres".
Source : lefigaro.fr, le 3 avril 2016.