Blokadna kuharica

Publié le 25 Mars 2014

La cuisinière enfermée 


 

Dans Le Monde du 17 février un article explique comment les Bosniens s'essayent à la démocratie directe et note qu’ils s’inspirent des agitations universitaires avec des plénums, à Zagreb en 2009. L’auteur n’indique pas qu’il existe une brochure de 2009 qui décrit longuement le processus de la lutte bloquant des facultés et s’organisant autour de la conception de « plénum ». [1]


Le blocus se basait sur ”les trois principaux organes du contrôle étudiant de la Faculté, le plénum, les groupes de travail et la sécurité. […] les membres de la sécurité gardent la faculté et ses biens. L’appartenance au groupe de sécurité est volontaire et rotative. »
Le plénum est l’organe central de prise de décisions à l’université sous le contrôle des étudiants. Toutes les décisions sont prises par démocratie directe, y compris sur la poursuite ou l’interruption du contrôle de la faculté. Le plénum est l’ensemble de tous les étudiants intéressés et les autres citoyens (le plénum de la faculté de philosophie était ouvert à tous et pas seulement aux étudiants, contrairement à certains autres plénum en Croatie) le plénum prend une décision à différents niveaux, selon les circonstances). Tous ont le droit de parler et chacun a doit à une voix. Toutes les décisions sont prises à la majorité des votants. Le plénum est à chaque fois organisé par deux modérateurs différents qui sont choisis à la fin de chaque plénum. Durant le blocus, le plénum s’est réuni tous les jours, et en dehors du temps du blocus, généralement une fois par semaine (plus fréquemment si c’était nécessaire). […]
Il n’y a pas de membres du plénum, mais seulement des participants au plénum. En dehors de cette présence pour des discussions et des prises de décisions, le plénum n’existe pas. Ce n’est pas un organe officiel comme un parlement avec son édifice et ses membres. Le plénum ne constitue pas un collectif, c’est le collectif qui constitue le plénum.

On voit donc que le sens de « plénum » est celui d’assemblée générale.
Les groupes de travail concernaient :

-Les moyens techniques du plénum : la sécurité quotidienne et les modérateurs du plénum suivant.

-Les médias : stratégie à avoir, communiqués. La liaisons avec d’autres facultés, pour des mini actions.

-L’organisation d’action pour défendre la gratuité de l’enseignement (performances, expositions, etc.). […]

-La période après le blocus, avec l’élargissement de la démocratie directe… une pétition pour la gratuité de l’enseignement signée par environ 100.000 personnes.


De nombreux problème liés à tout plénum étaient envisagés : pour une action directe qui, de par son caractère technique, n’a pas été (par manque de temps) décidée par le plénum, il faut préparer le terrain afin que chaque membre sache ou s’attende à ce type d’action, selon le climat du moment.
Le déroulement du plénum était très détaillé. Il y a le technicien qui prépare les micros, la sono, etc. Les deux modérateurs que organisent le plénum, lisent l’ordre du jour, modèrent la discussion, résument les conclusions des interventions, coordonnent la formulation des questions pour le vote. Le preneur (preneuse) de notes, qui sont ensuite projetées sur un écran afin qu’elles soient visibles pour tous les participants au plénum. Après le plénum, il écrit le compte-rendu qui est posté sur le site et est disponible pour tous ceux qui ont ou n’ont pas été au plénum. Le preneur de note mesure les interventions et après 30 minutes le modérateur peut interrompre la discussion et demander au plénum s’il désire la prolonger. Le preneur de note prépare le matériel pour le plénum (document vidéo, photos, etc.). Pour un plénum de plus de 200 personnes, il est préférable qu’il y ait deux preneurs de notes.

À la fin de la brochure, on trouve un bref chapitre sur la Conception de la démocratie.
Après ce que nous avons évoqué, il faut poser la question de la nature de la démocratie dans laquelle évidemment les élites politiques travaillent contre les intérêts de la majorité. Comme on l’a dit, un minimum d’institution définit les intérêts de la majorité, historiquement élaborés par les droits sociaux. S’attaquer à eux représente indubitablement une décision antidémocratique. Il va s’en dire que nous comprenons vraiment la démocratie comme la règle de la majorité dans l’intérêt du bien commun, et non pas comme un rituel vide d’élections entre des représentants des élites politiques qui ne se différencient que par les noms des partis pour lesquels ils sont candidats.

 

 

[1] Cette brochure Blokadna kuharica ili kako je izgledala blokada Filozofskog fakulteta ... [La cuisinière enfermée ou bien comment s’est déroulé le blocus de la Faculté de Philosophie] est sortie la même année que les événements. On la trouve sur internet. Le texte est des « Étudiants de philosophie de la faculté de Zagreb » publié par le « Centre d’études anarchistes », dans la collection Francisco Ferrer, à 1.000 exemplaires (http://www.blockadedocumentary.net/materijali/blokadna_kuharica.pdf).

 

 

Source : http://www.cnt-so.org/?Le-soule%CC%80vement-populaire-de-2014

 

Rédigé par brunorosar

Publié dans #Littérature et médias

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